Le soir même des attentats du 7 janvier, il était écœurant de voir en direct François Hollande, qui recevait à l’Élysée les autorités religieuses pour la traditionnelle cérémonie des voeux, serrer la main d’un Dalil Boubakeur souriant (recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman), surtout lorsqu’on se rappelle qu’en 2006, ce dernier avait attaqué Charlie Hebdo en justice avec d’autres organisations islamiques pour avoir repris les caricatures de Mahomet issues du journal danois Jyllands Posten.
Boubakeur avait déclaré à cette occasion :
Qui sème le vent récolte la tempête.
Suite à cette une phrase lourde de menaces — un appel à la vengeance à peine voilé — il aura eu gain de cause deux fois, d’abord en 2011 avec l’incendie des locaux du journal, puis le 7 janvier 2015 avec l’odieux attentat provoqué par ses coreligionnaires armés.
Lors du point presse qui a suivi la réception dans la cour de l’Élysée, les responsables religieux se sont autocongratulés de leurs futures discussions œcuméniques comme s’ils étaient porteurs d’une solution. Boubakeur a condamné l’attentat dans son meilleur intérêt : « Nous sommes horrifiés par la brutalité et la sauvagerie dans les locaux de Charlie Hebdo ». Sans surprise, aucun journaliste présent n’a daigné le questionner au sujet de sa déclaration de 2006 (ou bien aucun ne s’était renseigné). On sait désormais qu’on ne peut pas compter sur les journalistes qui survivent à ceux de Charlie Hebdo pour être aussi virulents et critiques qu’eux.