Islam et école ne font pas bon ménage

Jean Rottner, le maire de Mulhouse, a confirmé s’être fait rapporter par les enseignants de sa ville des faits troublants qui tendent à démontrer l’incompatibilité entre islam et éducation républicaine.

Sur l’ensemble de la ville, pour un effectif équivalent à cinq classes de primaire, les parents ont demandé une dérogation pour inscrire leurs enfants à des cours privés pour raisons religieuses.

Sur la période de mi-juin à mi-octobre, dans certaines écoles, près de 50% des élèves auraient été absents pour cause de voyage au pays [d’origine des parents].

Il m’a été rapporté qu’à certaines occasions, des parents amenaient leurs enfants en retard à l’école, arguant que le temps de prière pour eux était prioritaire, et que l’enfant était amené par la suite à l’école, entre autres le vendredi.

Ces propos ont engendré de nombreux commentaires politiques, notamment de la part de Nathalie Kosciusko-Morizet qui a suggéré avec aplomb mais sans précaution que ces « dérives radicales » constituaient une « maltraitance » et posaient la question du « placement des enfants » concernés. NKM est pourtant n°2 de l’UMP, un parti actuellement dirigé par Nicolas Sarkozy qui défend des opinions communautaristes et dont la défense d’une laïcité « positive » équivaut à son abandon. Rachida Dati, connue pour sa rivalité personnelle avec NKM, l’a aussitôt contredite, en confondant cette proposition certes « disproportionnée » avec du « communautarisme », alors que ce sont les faits rapportés qui en relèvent le plus.

Quant à Laurence Rossignol, secrétaire d’État aux personnes âgées, elle s’est contentée d’être « choquée par le fatras de NKM », sans commenter ni déplorer les problèmes décrits par le maire de Mulhouse, illustrant fort bien le nouveau dogme majoritaire au PS qui donne priorité à la lutte contre une « islamophobie » supposée — un terme inventé par la gauche française qui représente intrinsèquement un manifeste politique en faveur de l’islam — plutôt qu’à la lutte pour la laïcité et contre les dogmes religieux.

Dans ce contexte, il semble utile de rappeler la salutaire Charte de la laïcité à l’École présentée en 2013 par Vincent Peillon, alors ministre de l’éducation nationale, charte rappelant entre autres les principes élémentaires suivants.

7. La laïcité assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.

9. La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre.

12. Les enseignements sont laïques. Afin de garantir aux élèves l’ouverture la plus objective possible à la diversité des visions du monde ainsi qu’à l’étendue et à la précision des savoirs, aucun sujet n’est a priori exclu du questionnement scientifique et pédagogique. Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.

13. Nul ne peut se prévaloir de son appartenance religieuse pour refuser de se conformer aux règles applicables dans l’École de la République.

14. Dans les établissements scolaires publics, les règles de vie des différents espaces, précisées dans le règlement intérieur, sont respectueuses de la laïcité. Le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit.

Les récriminations émises envers cette charte par Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris et président du conseil français du culte musulman (CFCM), avaient poussé Charb, le directeur de Charlie Hebdo depuis assassiné par des islamistes, à s’indigner dans le texte suivant qui est aujourd’hui republié par le journal Marianne dans son édition trimestrielle « Les Textes » dédiée à la laïcité que nous vous recommandons.

La charte de la laïcité de Peillon vise les musulmans. Oui, expliquer en quelques points en quoi consiste la laïcité aux élèves des écoles est une provocation à l’égard de l’islam et des musulmans… Que répondre aux représentants du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui jugent la charte « stigmatisante » ? Elle viserait qui, cette charte, à part des opposants à la laïcité ? Personne ! Est-ce à dire que certains responsables musulmans sont contre la laïcité ? Il faut bien se résoudre à le penser.

Et, lorsqu’on entend les explications de Dalil Boubakeur, le bafouillant président du CFCM, les bras vous en tombent. Il regrette que le texte de Peillon contienne certaines •allusions ». Des allusions ? Oui : « Pourquoi faire un rappel à la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires à l’école ? »

Il est vrai que la loi a surtout été adoptée pour interdire aux jeunes musulmanes de venir voilées à l’école. Mais il est indéniable que cette loi s’applique dans les faits à tous les autres élèves, quelle que soit leur religion. Et si on parle toujours de la poignée de gamines qui ont dû renoncer à venir couvertes au collège, personne ne parle de la poignée de juifs qui ont dû renoncer à porter leur kippa dans l’enceinte des établissements scolaires.

Que Dalil Boubakeur soit contre cette loi et qu’il le dise, on peut le comprendre, mais qu’il juge provocant qu’on rappelle qu’elle existe, c’est une blague ! Il faudrait supprimer les panneaux qui rappellent qu’il est interdit de fumer dans les lieux publics parce que ça stigmatiserait les fumeurs ? Oui, la loi qui interdit de porter des signes religieux ostentatoires s’adresse à ceux qui sont tentés d’en porter… Dalil Boubakeur veut nous faire croire quoi ? Que toutes les musulmanes souhaiteraient porter le voile à l’école ? Non, une minorité d’entre elles voudraient pouvoir le porter, la loi s’adresse à elles, comme elle s’adresse à la minorité de juifs, de chrétiens, de sikhs ou de je ne sais quelle autre minorité tentée d’arborer les symboles trop visibles de son appartenance religieuse. Dalil Boubakeur fait semblant de croire que tous les musulmans ont les mêmes pratiques, les mêmes traditions ou les mêmes aspirations. Boubakeur fait de la revendication de porter le voile partout la revendication de tous les musulmans. Il est donc à la fois ridicule et logique qu’il fasse de la loi qui interdit de porter le voile une loi qui vise tous les musulmans…

Plus grave et plus grotesque, Boubakeur s’indigne que la charte fasse allusion à « l’égalité fille-garçon ». Pourquoi ? En tant que musulman, se sent-il visé lorsqu’on rappelle que les filles et les garçons sont égaux ? Il laisse implicitement entendre que l’islam n’est pas pour l’égalité des sexes… On sait que certains musulmans conservateurs sont contre, mais ce n’est pas le cas de l’ensemble des musulmans. Or Boubakeur tire contre son camp et tourne en ridicule l’ensemble des musulmans en suggérant qu’il n’y a qu’eux pour s’opposer à l’égalité des sexes… Faisons vite retirer des frontons des bâtiments publics la devise « Liberté, égalité, fraternité », elle stigmatise les musulmans ! Allez, Boubakeur, courage, va jusqu’au bout de ta campagne islamophobe !

Est-ce que c’est Peillon qui stigmatise les musulmans avec sa charte sur la laïcité ou bien Boubakeur, en prétendant qu’on ne peut pas dire à un citoyen que la femme est l’égale de l’homme sans vexer le musulman qui est en lui ?

Charb