Nous constatons sur notre page Facebook la présence de commentaires passionnés, véhéments et disproportionnés, en provenance de personnes qui semblent surinterpréter nos intentions, que ce soient des zélotes vantant les racines chrétiennes de la France, des juifs appelant à l’alya ou des musulmans vociférant sur les mécréants et appelant au djihad. S’il n’y a pas lieu de les censurer, et s’il est vain d’escompter l’approbation de tous, il nous apparaît qu’un manifeste peut clarifier notre ligne éditoriale.
Pour une défense de la laïcité en danger
« Le XXIème siècle sera spirituel ou ne sera pas. » En ce troisième millénaire, le fait religieux retrouve en tout lieu une influence précédemment amoindrie par deux siècles de révolutions industrielles et scientifiques. Cette vague exhibe, toutes religions confondues, au mieux un conservatisme virulent adepte du révisionnisme scientifique et du retour à un certain ordre moral, au pire un fondamentalisme expansionniste, barbare et meurtrier.
Cela se traduit dans les pays musulmans, pour certains depuis cinquante ans seulement, par un déferlement de voiles, de niqabs et de burqas, et par un fondamentalisme développé avec les pétrodollars, les armes et la bénédiction de l’Occident, du fait de calculs économiques et diplomatiques à court terme, et encouragé par l’affrontement entre sunnites et chiites.
Aux États-Unis, cette nouvelle vague religieuse prend le visage des critiques de l’évolution darwinienne et des commandos anti-avortement. Elle est représentée en Europe par certains partisans anti-mariage gay ou les anti-avortement.
En France, la laïcité française sous les coups de boutoir conjoints de conservateurs et de progressistes reconvertis se redéfinit à la sauce anglo-saxonne, à savoir un sanctuaire des communautés et des religions.
Nous nous réclamons d’un athéisme assumé, défendant avec patriotisme et militantisme la laïcité dont la République Française fut le précurseur et l’un des rares phares dans le monde, avec la Turquie d’Atatürk. La laïcité étant désormais en danger en France et restant quasiment introuvable dans les autres systèmes politiques, il nous semble un devoir de lutter verbalement pour la défendre.
Soucieux de construire une digue contre les assauts des religions, nous acceptons les vestiges des celles qui sont sécularisées sur notre territoire, mais appelons à résister à toutes les nouvelles demandes des autorités religieuses et des croyants, dans la mesure où elles ne concernent pas le strict domaine privé et où elles dérogent aux lois actuelles. Si la liberté de conscience doit rester entière, la religion doit rester une question personnelle, interdite de cité au sens propre.
Nulle coloration politique revendiquée
Nous ne revendiquons aucune affiliation politique dans la mesure où les lignes des partis politiques français ne nous semblent pas représentatives des différentes opinions possibles, et que les positions politiques sont souvent dispersées transversalement sur le spectre politique de gauche à droite, que ce soit pour la laïcité, la religion, l’Europe, le libéralisme, le protectionnisme, le progressisme, l’ordre, l’écologie, etc. En revanche, nous ne prétendons à aucune impartialité, car il s’agit d’un site d’opinions.
En dépit de la similitude des noms, France Laïque n’est aucunement affilié au site Riposte Laïque dont nous ne partageons pas les objectifs politiques qui sont vraisemblablement d’extrême-droite et ne visent que la religion islamique sous couvert de laïcité. Certaines informations qui y sont diffusées méritent toutefois d’être reprises après vérification, car l’étau de la bien-pensance médiatique et islamophile est tellement serré que certaines vérités, même évidentes, ne sortent plus que de la bouche de médias marginaux.
Le désaccord ne signifie pas la censure, et nous critiquons par exemple vivement Anne Hidalgo qui a déposé plainte au sujet d’une caricature la concernant. Elle ne défend visiblement que les caricaturistes qui ont le bon goût de succomber aux attentats ou de ne pas la dessiner, et son financement (entre 30.000 et 100.000 euros) de la nuit du ramadan chaque année à l’Hôtel de Ville de Paris démontre sa définition très opportuniste de la laïcité : « Le ramadan est une fête qui fait partie du patrimoine culturel français. Le célébrer fait partie du partage et ne contrecarre pas la laïcité. »
Donner raison à un adversaire politique s’il dit que le ciel est bleu ou que les islamistes décapitent constitue malheureusement aujourd’hui une preuve de courage pour les uns, et pire une grave erreur morale pour les autres. Il suffit de se remémorer les réactions à la déclaration de Michel Onfray : « Moi qui suis de gauche, je préfère un homme de droite intelligent à un homme de gauche débile. On s’interdit de penser la moitié du monde en considérant qu’on a des catégories pour voir le monde. Non, on voit le monde et les catégories nous servent. Accessoirement, elles sont de droite ou de gauche. »
Nous ne souhaitons pas, par manque de courage ou clientélisme, abandonner sans vergogne la laïcité à l’extrême-droite qui jouit déjà du quasi-monopole sur l’immigration et la sécurité.
De même, nous ne sommes pas proches du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon qui est très actif, à juste titre, dans sa défense de la laïcité quoique celle-ci soit centrée sur la critique de la droite et de l’extrême-droite, et aveugle à toute faute de la gauche qui est pourtant loin d’en être exempte. Si l’islamisme est la tare du XXIe siècle, nous n’oublions pas que le communisme fut, avec le fascisme, celle du XXe siècle.
Enfin, certains commentateurs, enclins à alimenter le fantasme d’un complot judéo-maçonnique, nous présentent comme une officine liée à la franc-maçonnerie. Il n’en est rien, et quand bien même nous connaissons le lien historique entre la défense de la laïcité et les loges maçonniques, nous pensons que la franc-maçonnerie, par son clanisme et sa culture du secret, offre toutes les garanties de dérives. Nous soutenons notamment les appels à la transparence émis par Éric de Montgolfier. Le problème posé par la franc-maçonnerie est particulièrement grave dans le domaine de la justice, il suffit de prendre l’exemple de Maurice Agnelet qui de façon notoire, grâce à son appartenance à une loge maçonnique, a longtemps pu esquiver les fourches caudines de la justice par la grâce de juges francs-maçons.
En réponse à ceux qui voient du racisme partout
Au même titre qu’une opinion politique ou qu’une idée, la religion doit pouvoir être critiquée, sous la protection de la liberté d’expression qui est notre bien le plus précieux. Un concept récemment apparu est celui de « racisme religieux » pour qualifier toute critique envers tel ou tel culte. Il s’agit pour nous d’un contresens et d’un oxymore visant à remplacer insidieusement le terme de laïcité qui est pourtant plus approprié. Quant à la notion d’anticléricalisme, nous ne la réfutons pas, mais elle semble ne faire référence qu’aux religions historiquement implantées.
Tout pays a une culture et des usages. Les personnes issues de l’immigration, que ce soit de première génération ou des suivantes, doivent selon nous s’intégrer au mieux à la société qui les accueille, et non procéder à des revendications liées à leur culture d’origine ou à leur religion. La République doit déjà traiter avec tact et fermeté les exigences des croyances autochtones, elle n’a pas à recevoir de demandes allogènes. Nous insistons sur la distinction entre combattre des opinions et rejeter des hommes. Nous ne nous inscrivons que dans la première démarche, alors que le racisme ne relève que de la seconde.
Aux dirigeants politiques et religieux qui poussent leur turpitude jusqu’à condamner les propos satiriques ou critiques, en les mettant sur le même plan que les actes d’apologie de la violence qui sont dûment punis par la loi, nous rappelons que la critique de la religion ne constitue pas plus une attaque des personnes croyantes qu’un débat politique ne serait un appel à la haine des électeurs : ce serait au contraire une tentative de les convaincre. Et si l’on peut tout critiquer, on peut également rire de tout. En ce sens, nous aimons Charlie, à défaut de dire que nous sommes Charlie, car très peu le sont véritablement parmi ceux qui le prétendent. Par ailleurs, nous ne pensons pas que la France soit un pays fondamentalement raciste, même si certains mouvements politiques en font commerce aussi bien en l’encourageant qu’en prétendant le combattre.
Nous n’avons pas vocation à prendre parti pour une religion plutôt qu’une autre. Pour autant, les comparaisons doivent être permises du moment qu’elles sont factuelles, et nous n’avons pas d’équilibre artificiel à maintenir dans nos dénonciations. Ce serait appliquer le principe de discrimination positive que nous réfutons. Toutes les vérités méritent d’être énoncées, et leur réception ne doit pas causer de prévention inutile par crainte d’amalgames souvent bien commodes pour faire de la rhétorique et se dérober à ses propres contradictions.
Le commerce de l’islamophobie par la gauche
L’apparition du terme islamophobie est exemplaire à cet égard. Il s’agit de jouer sur une corde sensible en France, celle de la discrimination, pour interdire le débat et la critique envers une religion. Avant d’avoir été repris par les représentants autoproclamés du culte musulman en France, ce terme a été inventé et promu par la gauche. Il ne s’agit certes pas de la gauche à l’origine de la culture laïque de la IIIe République, mais de la gauche soixante-huitarde et récemment convertie à un communautarisme à l’anglo-saxonne, justifié par la culture de l’excuse, le culte des minorités et un relativisme culturel relevant d’un anti-racisme primaire. Cette « gauche moderne » récuse l’intégration au titre d’un néocolonialisme fantasmé et au bénéfice d’un « vivre-ensemble » — néologisme très laid — de façade, tel un village Potemkine, où plus personne ne partagerait de valeurs communes. Ce sont les mêmes qui pensent aujourd’hui qu’un parti politique « démocrate musulman » a toute sa place en France.
Au nom de la défense de la diversité des identités et des spécificités culturelles, une bonne moitié de la gauche, de plus en plus majoritaire, s’engage pour un dangereux relativisme des droits, qui va jusqu’à revenir sur les acquis précédemment défendus par la même famille politique : la laïcité, mais aussi le féminisme qui n’est guère plus défendu à gauche que par Élisabeth Badinter. C’est ce que nous appelons l’effet Rokhaya Diallo, à savoir le glissement de la gauche depuis l’anti-racisme vers le communautarisme, par dogmatisme (une application exhaustive du relativisme culturel) et calcul électoral (un repositionnement en direction des minorités conseillé par le groupe de réflexion Terra Nova qui avait prédit avec acuité le désamour de la classe ouvrière).
Cette stratégie, sous couvert de lutte contre les amalgames, en réalise un très grave : celui des Français de culture musulmane avec les musulmans. Si l’on suivait le même raisonnement pour les Français « de souche », ceux-ci devraient tous être catholiques pratiquants. C’est un cadeau sans contrepartie qui est ainsi fait aux imams, en gonflant l’influence de leur religion, en encourageant le sentiment communautaire plutôt que celui républicain, et en remplaçant les revendications sociales de certaines populations en situation précaire par des revendications religieuses. Nous ne pensons pas qu’il faille vouer des populations récemment installées aux bons soins de l’Islam, cette religion nommée soumission, où la femme doit être soumise à l’homme, et l’homme soumis à dieu.
Le clientélisme en guise de conviction pour la droite
Quant à elle, la droite française n’a pas besoin de retourner sa veste et de démontrer tant de fourberie sémantique pour s’attaquer à la laïcité française. Elle le fait simplement en vertu de son habituel conservatisme moral et d’un clientélisme visant à flatter la partie de leur électorat qui est traditionnellement catholique ainsi qu’un nouvel électorat musulman. Il n’y a qu’à voir les efforts de Nicolas Sarkozy en la matière. Dans son fameux discours de Latran prononcé devant le pape Benoît XVI, il a lamentablement renié la laïcité à la française : « L’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal. » La création du CFCM (Conseil français du culte musulman) s’est contentée d’être un appel du pied électoral, à défaut de permettre l’organisation d’un islam à la française.
En réponse aux accusations d’acharnement contre les catholiques, il n’y a pas de raison pour laquelle France Laïque ne traiterait que des impostures de l’Islam et s’abstiendrait de critiquer les religions et leurs représentants au motif de ménager les croyants. Nous ne pensons pas que les tenants actuels de la laïcité imposent à l’Église catholique un sort comparable à celui qu’elle a subi entre 1871 et 1905 et qui a fait la France d’aujourd’hui.
Rappelons que la principale remise en cause de la laïcité lors du XXe siècle est l’œuvre du régime de Vichy, et que la loi du 25 décembre 1942 votée par le Maréchal Pétain pour assouplir la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des églises et de l’État est encore effective et permet à l’État de financer des établissements religieux. Nous aurions pu penser que le régime de Vichy ne représentait pas une continuité de la République Française, mais aucun gouvernement n’a jugé bon d’abroger cette loi pétainiste dans tous les sens du terme.
En conclusion
Dans une démocratie, il doit être permis de discuter librement des religions qui, dès lors qu’elles ont un effet hors du cercle privé et personnel, sont de même nature que des opinions politiques. Chacun a le droit de croire mais cela ne tient pas lieu d’immunité diplomatique. Tous les citoyens français doivent avoir leur place dans la société française, indépendamment de leurs origines et de leurs croyances, mais à la condition expresse qu’ils ne soient pas les tenants de systèmes de pensée archaïques, corrompus ou sectaires. C’est ce qui fait la force de la France, et plus largement garantit la survie de notre civilisation.