Dans ses allocutions lénifiantes, Hollande appelle à l’unité nationale. Cela ne saurait être ni le substitut d’une lutte vigoureuse contre l’islamisme — rappelons que le ministère de l’Intérieur avait indiqué l’été dernier qu’il n’était « pas un délit de prôner le djihad » concernant le livre « La voie du musulman » qui n’avait pu être interdit — ni celui d’une lutte contre la grande délinquance et la circulation d’armes de guerre en banlieue — la proposition de Ségolène Royal sur le recours à l’armée n’ayant trouvé aucune suite.
Après Joué-les-Tours, Dijon et Nantes, on laisse entendre pour apaiser les esprits qu’il s’agit tout au plus d’un hasard, que ce ne sont que des « déséquilibrés » dont les problèmes psychiatriques les ont poussé à attaquer à l’arme de guerre un journal connu pour ses positions satiriques envers l’islam. On refuse d’y voir un combat politique et religieux, mettant ainsi la République en danger par déni d’existence de ses plus farouches opposants.
Le « rassemblement », maître-mot des discours politiques et religieux actuels, quoique nécessaire, est un paravent bien pratique pour escamoter les questions qu’il faudrait enfin se poser, et justifier le maintien d’une complaisance pour les forces idéologiques œuvrant dans le sens de l’obscurantisme sur notre territoire.
Malheureusement, nous sommes à l’an zéro d’une nouvelle ère. Même si l’on avait le courage de couper les financements et la parole aux fondamentalistes, plutôt que d’en faire les hérauts d’un islam moderne et républicain qui peine à exister sans l’appui indu de l’État, même si l’on osait revenir à une laïcité plus affirmée, on ne pourrait éviter les conséquences d’une stratégie de terrorisme totalement décentralisée, du moins sans reprendre la main sur les territoires de banlieue abandonnés aux délinquants, à l’économie parallèle, aux armes de guerre et aux imams, ainsi que sur les messages radicaux omniprésents sur Internet. Au lieu de tout cela, les hommes politiques seront prompts à accéder aux revendications de l’islam dit modéré (port du voile, séparation hommes/femmes…) au motif que cela donnerait tort à l’islamisme, alors qu’une France de moins en moins laïque encouragerait au contraire le radicalisme.
Si c’est la guerre, chacun doit donc dès lors choisir son camp. L’unité ne doit pas se faire dans le ventre mou d’un discours consensuel qui n’était pas celui de Charlie Hebdo, journal satirique qui revendique son athéisme. Ses dessinateurs ont attaqué toutes les religions par la voie du crayon, seul l’islam a répliqué par la voie des armes. L’unité doit se faire contre l’islamisme qui est la version non sécularisée de l’islam et y est donc relié directement. Le personnel politique n’ose même pas prononcer le terme d’islamisme, se rendant complice, ou alors y ajoute le qualificatif redondant de radical, comme s’il existait un islamisme modéré. L’apaisement n’est pas une fin en soi, la liberté en est une et le courage est son moyen.